dimanche 11 octobre 2015

Hommage

J'ai appris vendredi le décès de Leny Escudéro, grand artiste dont le public ne connaissait malheureusement qu'une toute petite partie de l'oeuvre et négligeait les plus belles, les plus fortes, les plus significatives. Repose en Paix, Leny. 


Le rapport avec la rando ? Un chemin... Entre autres. 




Enfin, je vais être ce que tu as voulu.
Voici le jour des jours, une autre humanité.
Ils vont enfin savoir pourquoi ils sont venus
Et le prix de la vie et de l'éternité.

Je vais marcher la tête haute, me tenir droit.
Tu peux me regarder tu seras fier de moi :
Je vais chanter ton nom tout au long du chemin
Pour leur apprendre à vivre, leur montrer le divin.

Ils peuvent me frapper et me jeter des pierres,
Ils peuvent rire de moi, de ma bouche tordue,
C'est vrai que ça fait mal sur les reins la lanière !
C'est vrai que ça fait mal qu'ils me crachent dessus !

Mais surtout n'aie pas peur, aie confiance en moi :
Je sais je vais tenir parce qu'il faut que je tienne
Et chasser le désordre pour que ton ordre vienne
Pour qu'ils sachent enfin qu'ils ont besoin de toi !

Mais ça fait mal tu sais, ça tourne dans ma tête !
Mais ils frappent trop fort, je n'en peux plus déjà
Et ils chantent, ils rient, ils se croient à la fête
Parce qu'ils ne savent pas, parce qu'ils ne savent pas !

Je ne sais pas non plus et je ne comprends pas,
Mais je ne renie rien, j'ai accepté le rôle.
Mais je ne savais pas le prix de chaque pas !
Ton dessein est trop grand, trop grand pour mes épaules !

Arrêtons maintenant et dis-leur s'il te plait,
Oui, dis-leur qu'ils me laissent m'en retourner chez moi...
Surtout ne m'en veux pas, j'ai essayé tu sais,
Le chemin est trop long et trop lourde la croix...

Oh, viens je t'en supplie, viens pour que tout s'arrête,
Et dis-leur maintenant ce qu'ils doivent savoir,
Dis-leur tout si tu veux, mais maintenant arrête !
Je vais pleurer, je vais crier, j'ai peur du noir !

Mais dis-leur maintenant, dis-leur que tu es Dieu,
Dis-leur que tu es bon, généreux et puissant,
Garde pitié de moi et regarde mes yeux,
Deux trous d'éternité et de larmes de sang !

Mais tu n'écoutes rien du haut de ton empire !
Mais je suis à leurs pieds et je vais te maudire !
Arrête maintenant ! Arrête, je n'en peux plus !
Je vais te faire honte et me pisser dessus...

Non ça n'est pas Judas qui m'a trahi le plus,
Même trente deniers, la pauvreté est garce,
Judas criait famine, Judas marchait pieds nus,
Mais toi, dis, toi, c'est pour la sainte farce !

Je voudrais maintenant, je voudrais qu'une femme
Me fasse enfin crier, tout comme au premier jour.
Et tant pis pour l'enfer et tant pis pour mon âme
Mais avant de mourir, mourir aussi d'amour...

Tu m'as fait fils de Dieu, sur l'épaule une croix
Et moi, je voulais vivre et avoir des enfants
Et vieillir près d'une femme qui me dirait parfois :
«Tu t'en souviens dis, tu t'en souviens d'avant ?»

Enfin tu as gagné, enfin je me résigne...
Je vais dire les mots, tous les mots que tu veux,
Je vais jouer le jeu, je vais faire le signe,
Pour que le feu enfin me délivre du feu !

Je vais parler d'espoir et de miséricorde,
Dire qu'il n'y a que toi quand on parle d'amour,
Oui, mais je t'en supplie qu'ils tirent sur la corde,
Et qu'ils frappent plus fort et qu'ils frappent plus lourd...

Je sais que c'est la fin, que tu ne viendras pas.
Moi je suis jeune encore et je suis vieux déjà :
La parole donnée, c'est vrai j'ai cru en toi,
Mais tu veux qu'on te craigne et tu ne m'aimes pas ! 

Regarde-moi mon père, j'ai rempli mon office,
Je t'ai suivi en tout, jusqu'au dernier supplice, 
Mais je crie maintenant, mais je crie maintenant :
Sois maudit, sois maudit jusqu'à la fin des temps !

Oh non, je te le jure, je n'ai pas dit cela,
Oh non, je t'aime, je t'aime et je n'aime que toi,
Mais j'ai si peur, mais j'ai si peur et j'ai si froid !"
Ainsi parlait Jésus sur son chemin de croix.





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